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L’intelligence artificielle selon Pieter Abbeel

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Si certains espèrent encore avec impatience la fin prochaine de la tendance IA – autrement dit l'intelligence artificielle –, c’est probablement en vain. Les entreprises technologiques investissent aujourd’hui des sommes importantes dans ce domaine et les innovations se suivent à un rythme effréné.

Quelles tendances IA auront le plus grand impact sur notre quotidien ? Quels défis poseront-elles ? Pour nous faire une idée de l’évolution de l’IA et trouver des réponses à ces questions, nous nous sommes tournés vers le spécialiste – et désormais célèbre – Pieter Abbeel. Il enseigne les sciences informatiques et la robotique à l’université de Californie depuis 2008 et est le co-fondateur de la plateforme IA Covariant.

Le big bang de l’IA

La caractéristique fondamentale de l’IA réside dans sa rapidité d'évolution. Mais cela n’a pas toujours été le cas, selon Pieter Abbeel : « L’IA a vu le jour dans les années 50. Jusqu’en 2012, on rendait les ordinateurs plus intelligents à l’aide d’une programmation traditionnelle basée sur le codage, ce qui impliquait une progression relativement lente. »

L’arrivée d’AlexNet en 2012 a radicalement changé la donne. En s’inspirant du cerveau humain, AlexNet a créé un réseau neuronal artificiel entraîné par la saisie de données, une technique également connue sous le nom d'apprentissage profond – ou deep learning en anglais. Elle consiste à alimenter le programme avec des images et des données, afin qu’il puisse créer des liens, reconnaître des formes et, sur cette base, faire des prédictions.

« En bref, le deep learning, c’est comme programmer, mais avec des données. Plus les données saisies sont qualitatives, plus le système d’IA devient intelligent et efficace », explique Pieter Abbeel. L’ensemble des programmes d’IA modernes sont basés sur la méthodologie du deep learning, rendant notamment possible la reconnaissance d’images, de visages et de voix.

Tendances et futur

Quelles sont les nouvelles tendances ? À quoi faut-il s’attendre ? Voici les développements à tenir à l’œil selon Pieter Abbeel :

  • Créer une vidéo de bout en bout sur la base d’un texte descriptif ? Les modèles d’IA comme Sora le font en en un claquement de doigts.
  • Inquiétant pour certains, fascinant pour d’autres : depuis peu, l’IA peut être utilisée à des fins de « brain reading ». Il est désormais possible de détecter ce qu’une personne regarde en analysant son activité cérébrale.
  • En entraînant l’IA à l’aide de données provenant de radiographies, elle peut aider à détecter notamment une tumeur maligne osseuse sur une radio.
  • Grâce aux données sur la configuration des vents, l’IA peut prédire quand et avec quelle intensité le vent va souffler, ce qui peut être très intéressant pour le secteur éolien.
  • Les industries et les secteurs dotés de structures organisationnelles fixes et confrontés à une pénurie de main-d'œuvre, comme les parcs à conteneurs, les grands magasins et le secteur agricole, peuvent recourir à l’IA et la robotique (pour recycler, remplir les rayons, s’occuper de différentes récoltes, etc.).
  • Les entreprises utilisent l’IA pour prédire les stocks et estimer les quantités de produits sur la base de données de consommateurs. 

Fixer les limites

Les applications et les possibilités qu’offre l’IA semblent illimitées. Elle peut augmenter considérablement notre efficacité et notre productivité et, par conséquent, nous simplifier la vie. Pourtant, nous ne pouvons pas balayer d’un revers de la main les pièges et les défis qui l’accompagnent.

Donner trop de contrôle à l’IA peut comporter des risques. Il conviendra de trouver le bon équilibre entre donner et garder le contrôle, et de s’assurer que l’IA conserve son rôle de conseil ou d’aide.

« Le phénomène de l’IA est sous-estimé. » – Pieter Abbeel

Approuvée par le Parlement européen en mars 2024, la loi européenne sur l'IA établit des règles concernant l'utilisation de l'IA et limite certaines applications. Cette législation vise à réduire certains risques liés à son utilisation. Elle impose, par exemple, des restrictions sur l'utilisation des systèmes d'identification biométrique par les forces de l'ordre et interdit l'utilisation de l'IA pour manipuler ou exploiter les vulnérabilités des utilisateurs.

L’intégration de certificats dans les puces des téléphones (cryptocertificats) aide à détecter les fake news et les deepfakes générés par l'IA.

Pieter Abbeel souligne également que les développeurs doivent rester attentifs aux erreurs dans les données et accorder l'attention nécessaire à la saisie de données de qualité et à l'amélioration des systèmes d'IA. Apprendre et s'adapter en permanence, tel est le message.

À l'avenir, les applications d'IA propres aux entreprises, à savoir des technologies d'IA créées pour une entreprise spécifique et alimentées par les données confidentielles de l'entreprise, gagneront également en importance. Elles permettront, entre autres, d'augmenter les ventes et d'améliorer les produits existants. La mesure dans laquelle les entreprises parviendront à optimiser leurs produits et services sur la base de ces données d'IA sera décisive.

Delen Private Bank qualifie elle aussi l'IA de véritable game changer. Cadelam, gestionnaire de fonds du Groupe, suit de près les développements dans ce domaine. Le portefeuille actions est composé à 31 % d'entreprises spécialisées dans l'innovation technologique au sens large, avec une préférence pour les entreprises technologiques américaines qui ont plusieurs longueurs d'avance sur l'Europe en la matière. Actuellement, l’exposition du portefeuille actions aux États-Unis est d’environ 60 %. Cadelam sélectionne des entreprises rentables affichant un modèle commercial éprouvé et diversifié.

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