Pour l’amateur ou le collectionneur d’art passionné, une œuvre d'art est un bien précieux. La valeur esthétique et émotionnelle d'une œuvre est difficilement chiffrable. Mais comment déterminer sa valeur financière, à savoir son prix ? Car pour les collectionneurs, acheteurs ou vendeurs, l'art est et reste un investissement.

Pour répondre à cette question, nous avons interrogé quatre personnalités du monde de l'art : le commissaire-priseur Peter Bernaerts, de la maison de vente aux enchères éponyme, Johan Pas, directeur de l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, et les collectionneurs et experts chevronnés, Tanguy Van Quickenborne et Joost Vanhaerents.

Avec eux, nous levons un coin du voile sur le concept de valorisation de l'art et sur les principales tendances dans le monde de l'art.

D'une valeur (in)estimable

Tous les historiens de l'art, les galeries et les maisons de vente aux enchères s'accordent à dire que l’art comporte différentes valeurs : une valeur esthétique, une valeur sociale, une valeur sociétale, une valeur émotionnelle, ...

Les collectionneurs Joost Vanhaerents et Tanguy Van Quickenborne comparent la passion pour l'art à « un virus qui ne vous lâche pas », où l'art permet de voir le monde d'une manière différente.

En tant qu'amateur d'art, achetez une œuvre qui vous plaît. Ainsi, même si sa valeur baisse par la suite, vous en tirerez toujours une satisfaction émotionnelle.

Joost Vanhaerents

Néanmoins, il existe un ensemble de critères fixes pour déterminer la valeur financière d’une œuvre, autrement dit son prix. Ces critères permettent d’apprécier la qualité de l’œuvre, laquelle est ensuite confrontée à l'économie de marché. « Avec l'aide d'experts, nous essayons de déterminer la réputation de l'artiste, la provenance de l'œuvre, son importance dans l'histoire de l'art, son état de conservation et ses propriétés techniques », explique Peter Bernaerts. Il s'agit également d'analyser son authenticité et ce qu'elle représente. Les maisons de vente aux enchères collaborent aussi souvent avec des galeries pour élargir les connaissances sur l'une ou l'autre œuvre d'art.

Une certaine connaissance de l'histoire de l'art aide à déterminer la valeur intrinsèque d'une œuvre.

Peter Bernaerts

Johan Pas s’y connaît aussi en la matière, car les œuvres des étudiants de l'Académie des beaux-arts sont régulièrement évaluées et certains étudiants proposent leurs œuvres à la vente. « Il est émouvant de voir combien d'étudiants ont du mal à déterminer la valeur financière de leur travail et à fixer un prix. Il est important de les soutenir dans cette démarche », explique Johan Pas.

Tendances du marché

Nous voyons également émerger des tendances influentes dans le monde de l'art :

• Les plateformes et bases de données qui renseignent une multitude d’informations sur les ventes aux enchères et l'historique du prix des œuvres ont eu un impact majeur sur le commerce de l'art au cours des dernières décennies. Elles permettent aux acheteurs et aux vendeurs de comparer les prix, ce qui les aide, entre autres, dans leurs négociations.
• L'achat et la vente en ligne ont connu une croissance significative ces dernières années. Ces transactions sont réalisées principalement dans le segment de l'art moderne (l’art d'après-guerre et contemporain). « L'art moderne s’achète beaucoup plus souvent que les œuvres de maîtres anciens et il est beaucoup plus représenté sur le marché de l'art contemporain », explique M. Bernaerts.
• Le marché de l'art a connu une forte croissance grâce à l’essor des musées dans le monde entier (par le biais de donations et de l'augmentation des collections privées, entre autres). Nous constatons également une forte augmentation du nombre de foires et de galeries d’art.

Quelle que soit l’évolution du marché, nos experts en art sont unanimes sur un point : aller admirer régulièrement des œuvres d’art vous familiarisera avec la valorisation de l’art et de votre propre collection.