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Découvrir Amsterdam le temps d'une balade avec Tom

  • 7 avril 2023
  • Inspired

Cela fait déjà quelques années que Tom Jongbloed exerce le métier de banquier privé – ou private banker comme on dit aux Pays-Bas. Et depuis trois ans, il l’exerce chez Delen Private Bank à Amsterdam. La capitale néerlandaise, il la connaît comme sa poche, puisqu’il y est né et qu’il y a grandi. Il ne tarit donc pas d’anecdotes à son sujet. Pendant la période du confinement, alors qu’il s’y promenait le plus souvent accompagné de ses deux filles, Willemijn et Josephine, l’idée leur est venue de créer le compte Instagram @ommetjemettom (littéralement, petit tour avec Tom). Le nombre croissant de followers en dit long sur l’envie du public d’en savoir davantage sur la ville. Découvrons l’un de ses plus anciens quartiers et apprenons à décoller notre regard des pavés amstellodamois...

Un petit tour dans la vieille ville

Accompagnés de Tom, nous commençons notre ommetje au cœur d’Amsterdam par le Rokin, une artère située dans le prolongement de la place du Dam qui, avant les années 1930, était essentiellement recouverte d’eau. Aujourd’hui, les touristes peuvent encore s’y promener en bateaux-mouches. Tom nous fait remarquer une statue équestre qui n’est autre que celle de la reine Wilhelmina et autour de laquelle les passants déambulent avec indifférence. « Elle a été réalisée par la sculptrice Theresia van der Pant, qui a fait des figures d’animaux sa grande spécialité. C’est pourquoi elle a tenu à présenter la reine de cette façon. » « Cela peut vous paraître étonnant, mais c’est l’une des rares statues d’Amsterdam. Et il n’y en a que quatre de la famille royale : celle du prince Hendrik, de la reine Emma, du roi Willem et ici de Wilhelmina. Amsterdam n’a pas non plus de grand palais à faire valoir. En fait, il n’en reste plus qu’un seul : le Palais royal sur la place du Dam », observe Tom. « Comme vous le savez probablement, Amsterdam est construite sur pilotis. Vous voulez un petit truc pour vous souvenir du nombre de pilotis plantés sous le palais de la place du Dam ? Une année compte 365 jours. Entourez ce nombre par un 1 et un 9, et vous obtenez 13 659 pilotis. Moins 1 qu’on a retiré par la suite pour vérifier s’il n’avait pas pourri. »

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Des canaux concentriques, mais dans quel ordre ?

Nous passons du Rokin à l’un des plus vieux quartiers d’Amsterdam. Mais Tom tient d’abord à nous donner un autre moyen mnémotechnique pour qu’on puisse se souvenir de l’ordre des canaux qui encerclent le cœur historique de la ville : « Le Prinsengracht (le canal des princes) , le Keizersgracht (le canal de l’empereur), le Herengracht (le canal des seigneurs) et enfin le Singel (la ceinture). Vous vous en souviendrez grâce à la phrase en néerlandais Papa Koopt HerenSchoenen (Papa achète des chaussures pour hommes). Le Herengracht est le canal le plus onéreux d’Amsterdam. C’est ici que résidaient les Seigneurs de l’Amstel à l’époque de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, durant le Siècle d’Or. » 

Nous nous engageons dans la direction opposée, vers le Nes, qui accueille notamment la Maison de la culture flamande, le Brakke Grond. Tom enchaîne : «Il y avait plus de 20 monastères sur ce petit périmètre. En 1578 a eu lieu ce qu’on appelle l’Altération, c’est-à-dire le bouleversement politique qui s’est produit à Amsterdam lorsque les conseillers municipaux catholiques ont été déposés et remplacés par des protestants. Toutes les institutions catholiques sont alors devenues publiques et elles ont reçu une autre fonction. C’est pourquoi par exemple l’université d’Amsterdam se trouve ici aujourd’hui. »

Tout le monde devait apporter une petite pierre pour le mur de la ville.

À cette époque, Amsterdam comptait environ 14 000 habitants (contre plus de 800 000 aujourd’hui). Au détour d’une petite ruelle, Tom s’écarte subitement. « Regardez, c’était l’entrée d’un monastère ici autrefois. Le nom de la rue est intrigant : Gebed zonder end (prière sans fin). On a fini par l’écrire à la peinture parce que l’écriteau était systématiquement volé. »

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Apporter sa pierre à l’édifice

En passant par le Sleutelbrug, nous nous dirigeons vers l’Oudezijds Achterburgwal, puis traversons l’Oudemanhuispoort. « C’est ici que se trouvent les libraires », explique Tom. « Il y a des livres partout, que ce soit dans des bacs sur le trottoir ou sur des étagères à l’intérieur des librairies. Cela fait 120 ans qu’on vend des livres ici. » Nous allons à la rencontre d'’un des vendeurs qui, aimablement, nous invite à découvrir sa boutique. Un passage s’ouvre devant nous, une petite échelle posée devant les étagères s’élève jusqu’au haut plafond. Pour peu, on se croirait dans un épisode de Harry Potter. Au milieu du passage, nous tournons à gauche et nous nous retrouvons soudain dans une tout autre ambiance, dans la cour de la Faculté des Sciences humaines. « Vous avez remarqué ce silence ? Bien sûr, les voitures ont été bannies d’une grande partie d’Amsterdam, mais c’est aussi parce que ces bâti - ments sont plus élevés. Cette tranquillité absolue en fait un lieu unique au beau milieu de la ville. » Une fois la porte franchie, Tom nous montre le mur d’enceinte de la vieille ville, auquel nous devons une expression bien connue. « Tout le monde devait s’y mettre pour que le mur de la ville puisse être érigé : donner de l’argent, livrer du sable ou… apporter une pierre. Une pierre pour le mur de la ville. C’est de là que vient l’expression een steentje bijdragen ou en français apporter sa pierre à l’édifice . »

En route pour le Lommerd

En passant par le Kloveniersburgwal, nous marchons en direction de l’Oudezijds Voorburgwal, vers l’an - cien hôtel de ville d’Amsterdam. Mais d’abord, Tom nous montre le Lommertbrug et nous demande si nous savons d’où vient ce nom. « Pensez à un crédit lombard ! En néerlandais, un lommerd est un prêteur sur gages. C’est là que, depuis le XV e siècle, les habitants d’Amsterdam peuvent mettre en gage leurs objets de valeur s’ils ont besoin d’argent. » « Je crois que c’est l’une des choses les plus amu - santes à savoir sur le passé de cette ville. Autrefois, la plupart des gens ne savaient ni lire ni écrire. C’est pourquoi les pierres des façades étaient ornées de dessins. Dans cette ruelle, on peut admirer une très belle réalisation. Regardez cette façade : des ducats sortent d’une corne d’abondance. Et comme vous pouvez le constater, les escaliers qui y mènent sont tout usés tant les gens ont franchi ce seuil ! » Au-dessus du perron, on peut lire : Tot behulp voor den noodt-druftigen is hier gestelt De Banck van leeninge voor een kleyn gelt, qui peut se traduire par Aide aux nécessiteux. La banque pour prêts modiques .

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Hôtel de ville jadis, hôtel chic aujourd’hui

Nous traversons le pont pour admirer l’ancien hôtel de ville d’Amsterdam, qui est devenu l’hôtel The Grand. Tom nous emmène vers la cour : « C’est l’une des adresses les plus prestigieuses d’Amsterdam. Les rock stars et célébrités y séjournent aujourd’hui, mais, avant elles, c’étaient des personnages historiques comme le comte de Leicester, le prince Maurice ou la reine de France Marie de Médicis. Les bâtiments de l’Oudezijds Voorburgwal sont vraiment chargés d’histoire. De deux monastères médiévaux, on a fait le siège de l’Amirauté, puis l’hôtel de ville d’Amsterdam. Et enfin, après d’importantes rénovations, un hôtel de luxe depuis 1992. » L’hôtel The Grand est l’endroit idéal pour achever notre balade avec Tom. Il connaît bien le personnel de l’hôtel et, bien entendu, bon nombre d’anecdotes. Kees, le directeur de l’établissement, nous emmène voir le cabinet du bourgmestre et la salle du conseil. On peut dire que l’hôtel tout entier est une œuvre d’art. Que ce soit sur la façade extérieure ou à l’intérieur de l’établissement, des artistes célèbres y ont mis leur griffe, comme Hildo Krop, Chris Lebeau, Willem Penaat, Joseph Mendes de Costa, John Raedecker ou encore Thorn Prikker. Tom reprend : « Pendant la pandémie, l’hôtel a mis une de ses suites à la disposition de son programme Artists in residence, ce qui a permis la création d’une nouvelle série d’œuvres d’art contemporain. » De là, nous prenons le taxi pour retourner aux bureaux de Delen Private Bank Amsterdam, où nous accueille une sculpture de Hildo Krop, cet artiste qui, en plus de ses sculptures pour The Grand, a décoré de nombreux ponts d’Amsterdam. Grâce à cet ommetje avec Tom, c’est certain, nous ne verrons plus jamais Amsterdam de la même façon.

Pourquoi un compte Instagram ? 

« Amsterdam est en pleine mutation et cela me motive à transmettre mes connaissances aux générations suivantes. Avec le FanClub Centrum, nous réalisons également un podcast qu’on peut visionner sur YouTube. J’apprécie que cela suscite de l’intérêt. Les gens disent souvent ça, je n’oublierai jamais lorsqu’ils ont appris quelque chose sur leur propre ville. »

Le top 5 des lieux à ne pas manquer selon Tom

La boîte aux lettres dans le passage du Rijksmuseum

Observez attentivement : du côté de la Museumplein, une fente métallique a été aménagée exactement sous la célèbre « Ronde de nuit » de Rembrandt. Ainsi, en cas d’incendie, le tableau peut être rapidement évacué et mis en sécurité.

Le réverbère d’Amsterdam

À quoi servent les deux bâtonnets de part et d’autre du réverbère ? Jadis, il fallait l’allumer à la main, en déposant le haut de l’échelle contre ces deux petits bâtons.

Les vieilles maisons le long du canal

Plus vous portez le regard sur les étages les plus élevés, plus les fenêtres sont petites. Par cet effet d’optique, le bâtiment paraît plus grand et plus imposant qu’il ne l’est en réalité. Si vous voyez que toutes les fenêtres ont la même taille, c’est que le bâtiment a été construit après 1800

Le restaurant Sama Sebo dans la PC Hoofstraat

Restaurant indonésien typique où le personnel maîtrise encore l’humour amstellodamois

Le café De Engelse Reet dans la Rozeboomsteeg

Un café… sans bar étonnamment, et où le temps semble s’être arrêté.