Miroirs et fenêtres
Nos conseils de lecture
- 21 janvier 2025
- Inspired
Montesquieu disait n’avoir « jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé ». Un livre, c’est aussi une fenêtre sur un monde nouveau ou un miroir sur soi-même, selon Barbara Kingsolver, lauréate du prix Pulitzer. Nous avons demandé à nos collaborateurs de partager leur livre ou podcast préféré. Et d’accepter de lever ainsi un coin du voile sur leurs habitudes de lecture et d’une certaine manière, sur une part de leur personnalité.
Podcasts
Le pouvoir de la vulnérabilité (TED)
En voiture, en métro, dans une salle d’attente… Que ce soit en mode audio ou vidéo, Roxane Deprey (chargée de relation à Waterloo) n’hésite pas à consulter son application TED dès qu’elle le peut. Le concept des conférences TED (Technology, Entertainment and Design) est de mettre en avant un large spectre d’idées qui méritent d’être diffusées. Au fil de son utilisation, l’application propose une sélection de sujets avec lesquels l’abonné a le plus d’affinités. « J’apprends ainsi beaucoup sur un sujet en peu de temps et j’entretiens mon niveau d’anglais au passage », nous confie-t-elle.
Quel podcast l’a particulièrement interpellée ? The power of vulnerability, de Brené Brown. Un témoignage « vibrant de vérité qui nous fait prendre conscience que la vulnérabilité n’est pas une faiblesse, mais qu’elle nous rend au contraire plus riches, plus forts, plus courageux. Car accepter sa propre vulnérabilité, c’est aussi se rendre plus accessible aux autres. »
Chaque entreprise a son histoire (Acquired)
Pour ceux qui s’intéressent au monde des entreprises, Fientje Op de Beeck (Investment Office) recommande le podcast Acquired. Et plus précisément l’épisode consacré à l’histoire de l’entreprise Hermès qui, en presque 190 ans d’existence et malgré son statut de grande capitalisation boursière, a réussi à préserver son âme d’entreprise familiale. Benoît Pierlot (chargé de relation à Knokke) confie, quant à lui, avoir été captivé par l’exposé du CEO de NVIDIA, Jensen Huang, sur sa vision de l’entreprise, du leadership et de l’innovation.
Je suis pilgrim
de Terry Hayes
Par une belle journée de fin d’été, Karolien Cavens (IT) se met en quête d’un roman à suspense. Au fond de sa bibliothèque, elle tombe sur I am Pilgrim, de Terry Hayes. Elle en avait entendu beaucoup de bien et décide donc de lui donner sa chance. Et là, le coup de foudre ! « J’ai dû mettre de côté mes projets pour le lendemain », se souvient Karolien. « Je voulais absolument savoir comment se terminait l’histoire de l’agent secret qui devait mettre fin à une menace terroriste. C’est devenu une lecture éprouvante pour les nerfs et la journée a filé à toute allure. » Le roman raconte « l’histoire d’un plan terriblement astucieux pour faire table rase du monde tel que nous le connaissons. Je le conseille à tous ceux qui se sont déjà réveillés en se demandant si notre monde était aussi sûr qu’on le dit . »
Karolien ne jure que par le livre papier. « Une liseuse peut être pratique en voyage, mais pour moi, elle enlève tout le plaisir du contact physique avec les livres. Depuis que je suis toute petite, je traîne une valise séparée pour mes livres et, aujourd’hui encore, j’en emporte plus que je ne peux en lire afin de pouvoir choisir à ma guise. »
Toujours à l’affût de nouveaux conseils de lecture, Karolien a « déjà découvert de nombreux livres intéressants grâce à des amis et collègues. Je trouve également très utile l’application Goodreads, qui permet d’évaluer et de voir les livres recommandés par ses proches. »
Leçons de chimie
de Bonnie Garmus, en livre ou en série
C’est dans une librairie indépendante du Pays de Galles que Sophie Courtoy (Compliance) décide d’acheter ce livre, au hasard d’une petite fiche au contenu alléchant. Comme à son habitude, elle le place sur sa pile de livres à lire sans plus y penser jusqu’à ce qu’elle découvre qu’Apple TV en a fait une série (qu’elle recommande par ailleurs). Ni une ni deux, elle repêche sa trouvaille galloise pour l’ouvrir et, là, c’est l’ensorcellement : impossible de lâcher le bouquin tellement l’histoire et les personnages sont prenants ! Elle ira même jusqu’à en ralentir volontairement la lecture pour mieux la savourer…
Cette merveille, c’est Lessons in Chemistry, de Bonnie Garmus, qui raconte les tribulations d’une femme indépendante des années 60 dans le monde scientifique. « Les constats restent actuels et le livre est pour moi une source d’inspiration. » Sophie avoue aussi être inspirée par un extrait du livre qui lui rappelle que le courage est le catalyseur de tout changement, malgré les peurs, les doutes et les incertitudes.
Elle lit « à peu près partout » : dans les transports en commun avec de la musique, dans un fauteuil bien au chaud devant un feu ouvert crépitant, logée dans un transat en plein été ... « J’essaie toujours de m’accorder ce moment même s’il ne dure que 5 minutes. » Et quand elle ne farfouille pas dans les étals des bouquinistes gallois, c’est chez Pêle-Mêle que Sophie aime à se ravitailler. Voire dans les boîtes à livres. Il lui arrive qu’un simple coup d’œil à la couverture soit un ticket gagnant, comme avec le premier roman d’Agnès Martin-Lugand, Les gens heureux lisent et boivent du café.
Ravage
de l’intemporel René Barjavel
Pour Aziz Azaroual (Logistique), Ravage n’a pas pris une ride en 80 ans. Dès 1943, la célèbre dystopie de René Barjavel nous mettait notamment en garde contre les risques de dépendance induits par le progrès technologique. Même si le romancier parlait à l’époque davantage d’électricité que d’électronique ou de réseaux sociaux, difficile de ne pas reconnaître qu’il était particulièrement visionnaire ! « Ce roman garde tout son sens dans notre société qui est tellement tributaire des technologies ! Nous savons ce que nous avons été sans elles, mais saurons-nous retrouver les gestes les plus élémentaires si elles venaient à disparaître ? », s’interroge-t-il.
Si un livre de poche lui suffit, car il peut justement l’emporter où il veut, il reconnaît toutefois qu’une couverture bien illustrée peut avoir son importance, tout comme un format plus grand ou une belle reliure. Par contre, il ne relit jamais un même livre, d’autant plus s’il l’a particulièrement apprécié, car il aime garder intact l’imaginaire qu’il s’est créé à la première lecture et craint de ne pas retrouver les mêmes sensations lors d’une seconde lecture.
Pour encourager les jeunes adolescents à lire, il conseille Le Schpountz, de Marcel Pagnol. Les dialogues et les situations permettent d’aiguiser l’imagination, et le format de pièce de théâtre facilite la lecture. Le nombre de pages est limité, ce qui n’est pas pour déplaire aux jeunes parfois découragés à la vue d’un livre épais. « Drôle, tendre et romantique, ce livre est une vraie leçon de vie. »
Même si ce bouquin traite de thèmes sombres tels la maladie et le deuil, c’est une très belle histoire.
Tout le bleu du ciel
de Mélissa Da Costa
Sophie Istace (chargée de relation à Bruxelles) aime tellement les livres qu’elle a bien du mal à les départager. Tout le bleu du ciel, de Mélissa Da Costa, raconte le dernier voyage, en camping-car et avec une inconnue, d’un homme qui se sait condamné. Ces deux êtres s’apprivoisent au fil des 840 pages, dans un décor verdoyant, quelque peu hors du temps, pourtant compté pour l’un des deux héros. « Même si ce bouquin traite de thèmes sombres tels la maladie et le deuil, c’est une très belle histoire. »
Sophie apprécie également les livres à la croisée des chemins entre roman et développement personnel de Maud Ankaoua. Qu’il s’agisse de Respire !, Kilomètre zéro ou encore Plus jamais sans moi, ces récits initiatiques la transportent, respectivement en Thaïlande, au Népal et à Compostelle. Une manière de voyager au sens propre et figuré, sous la forme d’un voyage intérieur.
Une seule règle pour choisir ses livres : « Rien de négatif, qui empêche de dormir ». Les personnages qui la touchent le plus sont « ceux qui évoluent au fil de l’histoire. Car ils permettent de réfléchir à ma propre évolution, ma propre personnalité. » Jusqu’à présent, elle n’a relu que Le Parfum, de Patrick Süskind, juste par nostalgie de l’émotion éprouvée lors de sa première lecture. Pour en découvrir de nouveaux, elle se fie aux amis, aux réseaux sociaux, aux têtes de gondole des librairies. Voire au seul nom de l’auteur qui dans bien des cas s’avère un gage de qualité.
Ma vie sans gravité
de Thomas Pesquet
François-Michel Rigo (chargé de relation à Liège) guettait minutieusement l’astronaute français sur une application. Et par un soir d’été 2021, dans un ciel parfaitement étoilé, il a bel et bien vu passer la fameuse station spatiale internationale, avec Thomas Pesquet à son bord ! Muni d’une paire de jumelles pour ne pas en rater une miette, il a ainsi pu admirer pendant plus d’une minute l’ISS brillant de mille feux.
Il n’en fallait pas plus pour que François-Michel veuille en savoir davantage sur cet homme extra…ordinaire. Parmi les différents livres de l’astronaute, il a épinglé Ma vie sans gravité, une autobiographie qui retrace l’enfance, le parcours académique ou encore le quotidien de l’astronaute à bord de l’ISS. Sans oublier son émerveillement de voir notre planète bleue de tout là-haut.
Le conseil de lecture de François-Michel n’a finalement rien de très étonnant, pour lui qui affectionne les autobiographies et les histoires vraies de montagne, d’aviation, de guerre ou encore de conquête. C’est ainsi qu’il cite également Miracle dans les Andes (adapté au cinéma sous le titre Le Cercle des neiges) de Fernando Parrado, rescapé d’un crash aérien dans la Cordillère des Andes en 1972. « Après des semaines de survie dans des conditions dantesques, Nando part en expédition dans les montagnes afin de trouver des secours. Je suis impressionné par son audace et son courage. Un vrai héros ! »
Pour François-Michel, offrir un bon livre peut révéler un réel goût pour la lecture et constitue ainsi un cadeau au sens large. Car un livre, c’est partager un peu de soi, mais cela peut aussi éveiller des passions ou une curiosité jusque-là insoupçonnée.
Ulenspiegel
aux racines de la littérature belge
Grand amateur de romans historiques, Grégory Jaucot (chargé de relation à Bruxelles) n’a pas beaucoup hésité à proposer La Légende d’Ulenspiegel, de Charles de Coster (1867). Il faut dire qu’il avait fait de ce roman — qu’il place au rayon des références de la littérature belge de langue francophone — son sujet de mémoire à l’université.
Figure mythique de l’imaginaire flamand, Ulenspiegel est « un bon vivant et espiègle, qui vit une vie de débauche et de roublardise à l’époque des Pays-Bas espagnols jusqu'à ce que les armées de Joseph II assassinent son père. Il bat alors la campagne pour rassembler une armée de gueux dont il prend la tête face à l’oppresseur. » Une allusion à peine voilée à la révolution belge contre l’occupant hollandais.
Outre le vocabulaire rabelaisien, Grégory apprécie la dualité du héros principal, tantôt bouffon et farceur, tantôt patriote, droit dans ses valeurs et déterminé. Même s’il a l’honnêteté de reconnaître que certains chapitres à rallonge ne se lisent pas toujours facilement, il promet que « le jeu en vaut la chandelle, ne fut-ce que pour la symbolique et l’empreinte historique ». Sans compter que « légitimement ou pas, on termine le livre avec une certaine fierté patriotique ».
Avec des enfants en bas âge, les soirées paisibles ne font pas légion pour s’adonner à la lecture dans le calme. Alors pourquoi ne pas profiter du temps de midi au bureau ? Plusieurs collaborateurs du siège de Bruxelles ont de fait créé un club de lecture informel il y a quelques mois. « Nous lisons quelques pages ensemble le midi, puis discutons de nos lectures. Ce n’est pas toujours évident avec nos horaires, mais c’est sympa ! »
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