Noces de cretonne pour Delen et la BRAFA
- 21 janvier 2025
- Inspired
Comment êtes-vous arrivées là ?
Anne-Sophie Delen : Le partenariat entre la Banque et la BRAFA fut signé en 2006 pour la foire de 2007. À ce moment, la Banque ne disposait pas encore d’un département Marketing. J’avais fait des études en communication et terminais un stage à Londres chez UBS. Développer ce partenariat fut mon premier projet pour la Banque en tant qu’indépendante. Après cette mission, on s’est vite rendu compte qu’il y avait davantage à faire en la matière : du branding, des événements, du sponsoring, et de fil en aiguille l’aménagement des intérieurs. Je n’ai plus quitté la Banque depuis.
Et le marketing s’est rapidement professionnalisé. Telle une réelle agence, notre équipe compte désormais environ trente experts, avec des graphistes, des copywriters, des digital marketeers, des coordinateurs d’événements et de décoration, et même une responsable artistique.
Beatrix Bourdon : Je suis historienne de formation et je voulais être journaliste. Mais j’ai eu l’opportunité de travailler quelques mois dans une salle de vente, puis dans des galeries. Ce fut un véritable coup de cœur. Ensuite, lors d’un dîner chez des amis, j’ai entendu qu’on cherchait quelqu’un pour la Foire des Antiquaires. On évoquait un homme, mais j’ai quand même envoyé mon CV et j’ai été prise. C’était en 1992, et même si mes parents m’avaient emmenée dans des foires d'art et si mes grands-parents étaient orfèvres, un nouveau monde s’ouvrait à moi.
Vous souvenez-vous de cette première édition ensemble ?
Beatrix : Je me souviens très bien du stand Delen. C’était la première fois qu’un partenaire nous demandait un espace. Mais cette édition fut aussi mémorable à cause d’une tempête. Pendant le vernissage, une partie de la verrière s’est envolée, de telle sorte qu’un tourbillon s’est formé dans la foire faisant voler les robes d’Edouard Vermeulen qui étaient exposées. Nous avons dû évacuer les lieux et faire intervenir les pompiers. Ce fut un moment très particulier, marqué par le soutien et la collaboration de tous – Delen, les exposants, les journalistes. Finalement, l’École de Cirque qui se situait à côté est venue bâcher le toit pendant la nuit, dans le noir, et nous avons pu rouvrir le lendemain.
Anne-Sophie : C’était effectivement un début mouvementé. Je me souviens qu’on avait dû appeler tous nos clients. Mais c’est vrai qu’on s’est vite sentis très soudés avec la BRAFA en voulant trouver des solutions le plus efficacement et rapidement possible.
Sur cette première édition, la Banque disposait d’un petit stand de 20 m² proche de l’entrée principale, avec des parois en bois brûlé canadien. De nombreux collègues me parlent encore de son ambiance feutrée et chaleureuse. Nous y exposions nos premiers achats design : un bureau boomerang de Jules Wabbes, une lampe Louis Kalff et un lustre Artichoke de Poul Henningsen. Mais aussi les premières œuvres que Filips de Ferm avait achetées pour la collection de la Banque, notamment un Karel Maes et un églomisé de Floris Jesper.
Delen Private Bank et la BRAFA ont grandi ensemble. Quel regard portez-vous sur cette évolution ?
Anne-Sophie : Au cours des vingt dernières années, la Banque a montré une belle croissance et celle-ci s’est reflétée dans notre présence à la BRAFA et le nombre de clients que nous y recevons. La foire a cru en parallèle et s’est ouverte à de nouvelles disciplines au cours des années. De plus, je trouve que le déménagement vers Brussels Expo lui a donné un nouveau dynamisme, tout en lui permettant de conserver son âme.
Beatrix : L’espace nous permet en effet d’accueillir plus de visiteurs et d’exposants, avec plus d’espace et une bien meilleure accessibilité. Cela nous offre aussi de nouvelles possibilités d’améliorer encore la qualité. Mais nous entendons également rester une foire à taille humaine.
Je dois dire qu’au cours de l’histoire de la BRAFA, chaque déménagement lui a insufflé une nouvelle énergie. À Bozar, nous étions la Foire des Antiquaires de Belgique, et à Tour et Taxis, nous sommes devenus la BRAFA, en accueillant des exposants étrangers et en intégrant notamment l’art contemporain. Ces changements n’ont jamais été des révolutions, mais plutôt des évolutions avec le marché en gardant un équilibre entre les disciplines artistiques. Ceci dit, on peut aussi suivre les tendances avec les pièces exposées par les galeries. Ces dernières années, on voit par exemple davantage de céramiques ou de textiles. Au final, ce qui caractérise la BRAFA depuis toujours, c’est son éclectisme.
La BRAFA et Delen Private Bank partagent plusieurs valeurs communes. Comment se traduisent-elles ?
Beatrix : Nous apprécions beaucoup le soutien de Delen, car ils jouent le jeu à fond. Ils invitent leurs clients, font des visites guidées, créent des stands toujours plus magnifiques et prennent soin des visiteurs. Le tout en concordance avec nos valeurs de qualité et de convivialité. Par ailleurs, il y a une vraie continuité : la Banque nous a par exemple fort soutenus pendant la période covid et le déménagement vers Brussels Expo. Un partenariat à si long terme, c’est exceptionnel aujourd’hui.
Anne-Sophie : Harold t’Kint, Président honoraire de la BRAFA aujourd’hui, avait l’habitude de parler de la Banque comme de la mariée de la BRAFA. J’aime bien cette image, l’idée qu’on se soutient mutuellement et qu’on se complète. J’ai l’impression que chaque nouvelle édition est meilleure que la précédente. Chaque année, on continue de s’émerveiller et de se surpasser. La Banque veut aussi être un partenaire engagé dont les exposants peuvent être fiers. La BRAFA entretient un vrai esprit de communauté, voire de famille, entre les exposants et c’est très appréciable.
La BRAFA est connue pour son goût de l’excellence et sa sélection rigoureuse. Comment cela se passe-t-il concrètement ?
Beatrix : Les galeries doivent envoyer leur candidature en précisant leur champ d’expertise, leur participation à d’autres foires, leur réputation, leur localisation. C’est le Conseil d’Administration qui est chargé de la sélection des exposants. Il s’assure du sérieux des galeries et de la qualité des œuvres proposées, mais aussi de l’équilibre entre les disciplines et les régions – nous conservons un tiers des places pour des galeries belges.
Sur place, notre installateur général dispose d’une semaine pour le montage des stands, puis les exposants ont trois jours pour faire venir leurs décorateurs, électriciens, peintres, etc. Dès l’arrêt du gros œuvre, les exposants peuvent installer les œuvres pendant trois jours. Certains sont rapides et savent exactement ce qu’ils vont faire, d’autres décident sur le moment et ont besoin de ce temps. Et on a quelques surprises. Je me souviendrai toujours de Didier Claes qui avait un stand de 100 m² et qui a attendu la dernière heure pour installer une seule et unique œuvre, un fétiche à clous de la fin du XVIIIe siècle.
Ensuite, les exposants sont exclus de la foire pendant 48 heures, le temps de l’expertise. Nous faisons entrer plus de 80 experts internationaux qui vérifient la qualité, les caractéristiques et l’origine des œuvres. Chaque discipline a ses propres critères. Aussi, il arrive qu’une pièce ou l’autre doive être retirée, par exemple, car il manque un certificat ou qu’elle a été trop restaurée. Mais je dois dire que la qualité augmentant chaque année, on a de moins en moins de soucis. Après, les galeries peuvent bien sûr discuter avec les experts afin de comprendre cette décision.
Quels sont vos moments préférés lors de la BRAFA ? Ou vos meilleurs souvenirs ?
Anne-Sophie : Mes meilleurs souvenirs remontent à l’époque où j’étais tous les jours sur place. À la BRAFA, on entre dans une bulle d’art, de rencontres et d’inspiration. Aujourd’hui, j’apprécie aussi particulièrement les moments exclusifs où je peux faire un tour dans une foire presque vide. Cela me permet d’apprécier les œuvres d’art autrement. De voir comment elles ont été placées, les unes par rapport aux autres. De prendre le temps de les observer. L’art fonctionne au coup de cœur, mais je réalise aussi que souvent les œuvres que je trouvais à l’origine plus difficiles à apprécier sont aujourd’hui mes préférées.
Beatrix : J’aime le moment où les visiteurs arrivent sur la foire. Le travail de préparation en amont est gigantesque et très motivant, mais quelle satisfaction de recevoir les premiers retours enthousiastes. Je trouve le côté humain aussi passionnant. J’ai fait de magnifiques rencontres grâce à la BRAFA. Je me souviens très bien de Julio le Parc, l’invité d’honneur de 2017, que je suis allée voir dans son atelier à Paris. Cet artiste avec son tablier de dessin et son crayon derrière l’oreille m’a conquise et il nous a promis cinq œuvres que nous avons pu exposer à la BRAFA.
Quelle fut votre édition favorite ?
Beatrix : J’ai été particulièrement touchée par le Musée de l’Afrique qui dispose d’une collection exceptionnelle. Ils n’exposent qu’une toute petite fraction de celle-ci et leurs recherches sont passionnantes. Outre l’invité d’honneur, je pense que les visiteurs apprécient particulièrement d’être surpris. La BRAFA est en effet la seule foire qui remet tout à plat chaque année avec de nouveaux décors. On essaye cependant de garder le même plan de sol, car c’est important que le visiteur se déplace facilement.
Anne-Sophie : J’ai trouvé l’édition de l’année passée avec Paul Delvaux particulièrement féérique et harmonieuse. Cet ensemble aéré et convivial, avec d’incroyables décors d’inspiration surréaliste et de magnifiques tableaux de Paul Delvaux, m’a émerveillée. Je me souviens être restée en admiration devant sa gare forestière. J’ai été très inspirée.
Comment le stand de la Banque voit-il le jour ?
Anne-Sophie : Nous faisons partie des stands où tout est conceptualisé à l’avance. Je réfléchis aux volumes avec notre architecte à partir de fin juin déjà et nous créons les différentes zones.
Pendant l’été, maman et moi embarquons en Grèce un paquet de magazines et de nombreuses images épinglées sur Internet. Ensemble, nous déchirons des images des magazines, nous croisons nos idées et nous rassemblons les meilleures dans mon mood book. Je chéris particulièrement ces moments inspirants qui ont le goût du sel et des embruns, avec les rires des enfants en fond sonore.
Pour l’agencement et la décoration de chaque zone, nous partons d’une envie, d’une acquisition, d’un tapis nouvellement créé pour un siège, d’un imprimé choisi pour recouvrir un canapé ou des coussins, d’une couleur ou même d’une technique de peinture.
Le stand de la Banque n’existerait pas sans notre incroyable équipe Logistique. Elle parcourt la Belgique pour aller chercher certaines pièces de mobilier, lampes ou œuvres d’art dans nos différents sièges et nous aide à tout mettre en place. Nos électriciens sont des magiciens et les personnes avec qui nous travaillons de vrais artisans. Jusqu’au dernier moment, ils sont là à mes côtés.
À la fin, c’est toujours avec un pincement au cœur que j’assiste au démontage du stand, qui se fait en quelques heures à peine. Mais chaque année, je quitte la BRAFA avec de nouvelles envies d’innover...
La BRAFA 2025 se tient du dimanche 26 janvier au dimanche 2 février 2025 à Brussels Expo. Cette 70e édition sera marquée par diverses animations et Joana Vasconcelos sera l’invitée d’honneur.
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