Savannah De Bock: espoir du golf féminin
- 28 mars 2023
- Inspired
Depuis sa victoire à l’European Ladies’ Amateur Championship remportée au terme d’un play-off mémorable à Paris, Savannah De Bock est considérée par les connaisseurs comme un espoir du golf féminin. La golfeuse de 17 ans ne cache pas ses ambitions mais, à ses yeux, ce n’est pas le score qui compte, mais bien cet état de grâce où tout lui réussit et lui semble possible. En tant que partenaires de Savannah, nous sommes très fiers de ses exploits chez Delen Private Bank. Et nous lui avons demandé de nous en dire plus sur ses motivations.
En août, vous avez participé à l’AIG Women’s Open à Muirfield, le plus ancien club de golf d’Écosse qui, jusqu’à il y a six ans, était encore interdit aux femmes. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Savannah De Bock : J’ai été déçue d’apprendre que le club avait été interdit aux femmes pendant si longtemps. Cela témoigne d’une attitude archaïque à une époque où le reste du monde s’efforce d’atteindre l’égalité. Mais heureusement, une fois sur place, mes craintes se sont rapidement apaisées. Tout le monde était amical et courtois. Dans le clubhouse, je me suis immédiatement sentie la bienvenue.
Vous avez été autorisée à aller à Muirfield parce que vous aviez remporté l’European Ladies’ Amateur Championship un mois plus tôt. Lors d’un terrible play-off sur quatre trous supplémentaires, vous avez montré des nerfs d’acier. Quel est votre secret ?
Savannah De Bock : Je reste dans le moment présent, et je ne me laisse pas distraire par le passé ou par l’avenir, car cela n’a aucun sens de toute façon. En compétition, je ne me préoccupe pas non plus de mon score. Bien sûr, je sais en combien de coups je finis un trou, mais une fois au départ du trou suivant, je n’y pense déjà plus. Ma principale préoccupation est de jouer mon meilleur jeu et d’en profiter. Si vous pensez constamment au score, vous ne faites que vous mettre la pression. Pire, cela vous paralyse.
Ce qui est sûr, c’est que la victoire vous a placée sous les projecteurs, car cela faisait 34 ans qu’un(e) Belge n’était pas reparti(e) avec la coupe. Les attentes sont donc élevées. Comment gérez-vous cela ?
Savannah De Bock : Au vu des réactions, j’ai eu le sentiment d’être soutenue par des gens qui sont fiers de moi. Si je n’avais pas gagné, cela n’aurait rien changé à mon ambition. Le titre de championne du monde est mon objectif ultime. Je sais que c’est une déclaration audacieuse, mais si vous ne rêvez pas en grand, vous n’irez pas au bout de vous-même. On verra bien jusqu’où j’irai !
Quand pensez-vous passer au statut de sportive professionnelle ?
Savannah De Bock : Pour l’instant, ce n’est pas à l’ordre du jour. Je veux tout d’abord terminer mes humanités en beauté. Les études sont aussi importantes pour moi que le golf, car il faut toujours avoir un plan B. Ce sera un soulagement si je peux étudier aux États-Unis l’année prochaine, car le système là-bas est beaucoup plus souple pour les athlètes. Cela me fait toutefois quelque chose de quitter l’école qui a été mon environnement familier pendant 15 ans. Et bien sûr, mes amis et ma famille vont aussi me manquer.
Les sportifs de haut niveau doivent souvent sacrifier leur vie privée pour atteindre leurs objectifs. Jusqu’où êtes-vous prête à aller ?
Savannah De Bock : Je ne le vois pas comme un sacrifice mais comme un passage obligé pour atteindre mon objectif. Certains renoncements sont plus difficiles que d’autres, mais si je ne les faisais pas, cela voudrait dire que je ne suis pas suffisamment motivée. Ensuite, je dois me poser la question de savoir si je veux vraiment devenir championne du monde. Comme souvent, il s’agit de peser le pour et le contre. Côtoyer mes amis une fois par mois ne met pas mon objectif en danger. En revanche, les accompagner en discothèque jusqu’au bout de la nuit pourrait compromettre ma carrière.
Le golf est-il une vocation ou s’agit-il plutôt d’un concours de circonstances ?
Savannah De Bock : C’est un mélange des deux. À l’âge de quatre ans, mes parents m’ont offert mon premier club de golf. Mais il m’a fallu beaucoup de temps avant de trouver du plaisir dans ce sport. Pendant les leçons collectives, l’accent était mis uniquement sur la technique et non sur le jeu. Ce n’est qu’après avoir obtenu mon brevet que j’ai réellement accroché. Mon premier coup sur le terrain m’a donné tellement de satisfaction que j’ai ensuite adoré aller aux entraînements. Avant ça, je grimpais encore dans les arbres et je courais derrière les lapins.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce sport ? Quel est le moment que vous appréciez le plus ?
Savannah De Bock : Quand je me sens en harmonie avec mon club. C’est un « état de grâce » que je n’atteins pas souvent mais que je recherche en permanence. D’ailleurs, c’est comme ça que j’ai gagné le championnat européen amateur. Tout s’est déroulé naturellement, et je savais que j’allais performer. Dans ces moments-là, je sens que le golf est ma raison d’être. Je transmets alors une énergie positive aux spectateurs. Voir les gens heureux m’encourage encore plus à donner le meilleur de moi-même. C’est un cercle vertueux fantastique.
Quelle place occupe l’entraîneur dans la réussite d’un athlète de haut niveau ?
Savannah De Bock : Le rôle de l’entraîneur est important. Il guide l’athlète, sans être pour autant plus important que lui. Si l’athlète n’est pas prêt à aller jusqu’au bout, les victoires ne seront pas au rendez-vous. Et ce, même s’il a le meilleur coach du monde.
Et qu’en est-il de la respiration et de la résonance cardiaque ? Leur rôle est-il important lors des compétitions ?
Savannah De Bock : Si je ne respire pas calmement, mon enthousiasme risque de me faire jouer de manière trop dynamique. Je suis une personne très énergique qui aime le mouvement mais, du coup, je veux souvent jouer trop vite. C’est pourquoi je me force maintenant à suivre une certaine routine avant une compétition. De cette façon, je parviens à mieux me concentrer, et je me sens alors prête à jouer. Un signal qui vient davantage de mon cœur que de ma tête, en fait.
Quelles sont vos aspirations pour 2023 ? Et quelle importance accordez-vous aux Jeux olympiques de 2024 ?
Savannah De Bock : Comme toujours, j’espère continuer à progresser et à m’amuser. Ce serait formidable si, l’an prochain, je pouvais participer à l’Augusta National Womens’ Amateur Championship, aux États-Unis. J’espère également participer à la Ryder Cup Junior et m’envoler pour Dubaï avec l’équipe belge en octobre pour le championnat du monde amateur par équipes. Si je joue vraiment bien l’année prochaine, je pourrais théoriquement participer aux Jeux olympiques de 2024 en tant qu’amateur. Mais la probabilité est très faible car, à ma connaissance, cela ne s’est jamais produit auparavant. Bien sûr, ce serait fantastique, mais je veux surtout avoir du plaisir à jouer au golf sans me fixer d’objectifs. C’est comme ça que j’obtiens les meilleurs résultats. Le golf est une passion qui ne me demande pas d’effort. Quand je suis dans le feu de l’action et que je vois les spectateurs apprécier mon jeu, j’ai envie de donner le meilleur de moi-même. Peut-être est-ce là la finalité du golf à mes yeux : jouer pour rendre les autres heureux.
Les conseils de Manon De Roey - Également ambassadrice sportive de Delen Private Bank
Lorsque j’ai commencé, il n’y avait pas beaucoup de tournois mais, aujourd’hui, l’European Tour propose une trentaine de compétitions par an. Il est donc très important, en tant que joueuse de golf, de prévoir un budget en conséquence. J’ai vu de nombreuses joueuses qui avai - ent du talent mais qui ne pouvaient pas l’exploiter faute de moyens financiers. Si vous devez bien jouer pour pouvoir payer votre loyer, la pression devient trop forte et vos performances en pâtissent. Lorsque j’ai participé au Mithra avec Savannah, j’ai remarqué qu’elle s’amusait beaucoup en jouant. C’est un « plus » déterminant. Elle connaît aussi très bien ses objectifs. Je lui souhaite de réaliser encore beaucoup de belles performances !
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