Sport à haut niveau

Ces deux-là ont plus d’un point en commun : licenciés en sciences commerciales à la KUL, ils ont appris les bases du hockey au Royal Herakles Hockey Club, avec l’espoir de pratiquer ce sport à haut niveau. « Après mes humanités, mon objectif était très clair : je voulais participer aux Jeux olympiques », précise Xavier qui évolue chez Delen Private Bank selon un temps de travail adapté à ses engagements sportifs, tout comme Pauline à l'époque où elle était astreinte à d'intenses séances d'entraînement quotidiennes et compétitions à l'étranger.

La joueuse et le coach ont partagé leur expérience et livré leurs conseils pour exceller dans le sport à haut niveau, et plus particulièrement au travers du prisme du hockey.

1. ‘Hold the vision, trust the process’

Un objectif ambitieux sur le long terme peut paraître accablant, voire insurmontable. C’est pourquoi Pauline recommande d’avancer  step by step, en se focalisant sur chaque étape intermédiaire du processus plutôt que de considérer uniquement l’objectif final. Et ce, sans se poser trop de questions qui pourraient générer des doutes ou des dépenses d’énergie inutiles. Par ailleurs, cette segmentation de l’objectif en tâches à plus court terme permet de diminuer le stress, voire d’en faire un allié.

Le process, c’est justement au coach de l’élaborer, en tant que partie prenante de la réussite. Xavier utilise, lui aussi, cette même image de découpage : « Il y a des phases de développement où le résultat est moins important. Tu travailles sur les points à améliorer. Et ensuite vient la période de performance où tu te concentres sur tes forces et les faiblesses de l’adversaire. »

2. Juste équilibre et mise en perspective

Garder une hygiène de vie équilibrée, en veillant à son alimentation et à ses heures de sommeil entre autres, constitue aussi un véritable challenge sur la durée. Pour Pauline, il est important d’éprouver du plaisir dans ce que l’on fait et de ne pas se priver éternellement de tout, car comme elle le dit très justement : « On ne peut maintenir un arc tendu en permanence. » La question n’est donc pas, par exemple, d’avoir ou non une vie sociale, mais de décider quand il est préférable de s’interdire des sorties. Et de concéder que « cela vient avec la maturité. J’avoue avoir un peu trop exagéré au début ». (rires)

Certes, les contraintes liées à la pratique d’un sport à haut niveau sont nombreuses, mais ce ne sont pas des frustrations à partir du moment où elles sont mises en perspective avec les objectifs que l’on s’est fixés et les bénéfices que l’on peut en retirer. Entre manquer des moments en famille ou entre amis dans l’absolu ou les manquer pour se donner les chances d’atteindre un objectif délibérément choisi et assumé, la vision est toute autre. Pour Xavier, le jeu en vaut la chandelle. En effet, il a des étoiles dans les yeux quand il évoque « le privilège de  jouer parmi les meilleurs du monde, et de vivre des moments exceptionnels et des émotions d’une intensité incroyable. Si la balance est positive entre ce que tu donnes et ce que tu as en retour, c’est OK. »

3. Droit au but

La discipline, la rigueur et la persévérance font bien évidemment partie des clés du succès. Pour Pauline, exit donc la procrastination : « Même si tu n’as pas envie d’aller t’entraîner tôt le matin ou dans le froid, tu le fais, it’s part of it. » Xavier acquiesce : « Au bureau, c’est pareil. Il y a toujours des choses qu’on n’aime pas faire. En les faisant tout de suite, tu ne t’encombres pas avec une charge mentale ni de la culpabilité inutiles. » La rapidité d’analyse et la gestion des priorités dans les moments critiques sont aussi essentielles. « En compétition, tu as 24 heures avant le prochain match. Tu as 100 points à améliorer, mais tu dois les filtrer et n’en retenir que 3 que tu dois ensuite vendre à ton équipe », souligne le coach.

L’excellence – aller chercher le dernier carat de technicité, de rapidité ou de précision pour maximiser la performance – réside aussi dans la simplicité, fait remarquer Xavier. Ses propos ressemblent un peu à ceux de Jim Rohn, entrepreneur américain, connu pour ses stratégies de développement personnel. « L’excellence, ce n’est pas savoir faire des choses exceptionnelles, mais faire constamment des choses simples exceptionnellement bien. » Et de faire le parallèle avec la stratégie de la Banque : « Nous nous concentrons sur deux services – la gestion et la planification de patrimoine – que nous maîtrisons exceptionnellement bien. »

4. Entre résilience et lâcher-prise

Dans tout sport, il y a inévitablement les blessures, les défaites, la malchance, voire les injustices. Or il faut pouvoir continuer à avancer sans (trop) regarder en arrière et admettre que l’on ne peut pas tout contrôler. Pauline parle de « capacité de reset » et Xavier de « gelatenheid », une forme de lâcher-prise qui mène à la sérénité. Il s’explique en prenant l’exemple du 1^er match de l’équipe féminine allemande aux JO de Tokyo où, à défaut d’enregistrement vidéo (en raison d’une erreur technique), une faute contre les Allemandes n’a pas été sanctionnée. « Nous avons dû accepter l’inacceptable. Mais il a vite fallu passer à autre chose pour rester concentrés et positifs. »

Une non sélection est aussi une épreuve. Mais pour Xavier, c’est également l’opportunité pour le joueur de se remettre en question et de progresser moyennant les raisons de sa non sélection : « C’est une confrontation avec toi-même, ça te secoue et te rend meilleur. » Côté joueur, le discours reste très fair-play. En effet, Pauline reconnaît que l’ambiance des sélections était particulière, mais qu’elle avait aussi besoin de ses coéquipières pour atteindre son meilleur niveau.

5. Gérer son efficience personnelle

Last but not least, connaître son mode de fonctionnement est indispensable pour qui veut maximaliser son efficience, et ce, à tout niveau. Pour sa part, Xavier a le mérite de bien se connaître. Une fois sa capacité de concentration atteinte, il n’hésite pas, dans la mesure du possible, à faire une petite pause, en lançant quelques fléchettes sur la cible magnétique ou en buvant un Coca-Cola avec un collègue dans l’espace de détente. Ensuite, il a à nouveau les idées claires pour continuer à travailler de manière efficace, avec le recul nécessaire.

En dépit du modus operandi de chacun, la pratique d’un sport à haut niveau implique inévitablement de vivre au rythme des préparations et compétitions. L’athlète vit en cycles, avec des pics d’intensité en termes de stress et de performance, suivis de périodes de relâchement. Selon les cas, exercer une autre activité professionnelle permet d’équilibrer ces énergies, nous confirme le duo de hockeyeurs. « C’est un peu les montagnes russes. Or à la Banque, tu dois être constamment performant pour le client, mais de manière plus soft et linéaire. Cela donne un bon équilibre au final », conclut Xavier.