Trump rebat les cartes du commerce mondial 

Quels nouveaux tarifs douaniers Trump a-t-il annoncés ?

Trump a annoncé deux sortes de droits de douane :

• Un tarif minimum de 10 % sur toutes les marchandises importées, indépendamment du pays de provenance. Ce tarif entrera en vigueur le 5 avril.
• Des tarifs réciproques pour les pays avec lesquels les États-Unis affirment avoir un déficit commercial important. Ces tarifs sont examinés pays par pays, en fonction du volume respectif des importations au regard dudit déficit commercial, et varient entre 10 % et 50 %. Leur entrée en vigueur est prévue le 9 avril.

Ces droits de douane s'ajoutent aux tarifs existants et annoncés antérieurement. Vous trouverez plus de détails à ce sujet dans notre article Hausse des tarifs douaniers : menace ou réalité ? Parallèlement, Trump a indiqué que les tarifs douaniers étaient négociables, à partir du tarif minimum de 10 %. Le président pourrait donc ajuster sa grille tarifaire en fonction des liens diplomatiques et des talents de négociation de ses partenaires commerciaux.

L'objectif de cette nouvelle salve de droits de douane est – selon Trump – de rectifier les « pratiques commerciales injustes ». Il entend ainsi réduire le déficit commercial américain et encourager les entreprises à délocaliser leurs chaînes de production aux États-Unis, ce qui serait bénéfique pour l'emploi. En outre, les recettes provenant des taxes à l'importation alimenteraient également les caisses de l'État.

Bien que tous les pays soient soumis à des taxes à l'importation, Trump vise principalement les pays avec lesquels les États-Unis entretiennent un déséquilibre commercial – en d'autres termes, les pays qui exportent beaucoup plus de marchandises vers les États-Unis qu'ils n'en importent. Ainsi, l'Union européenne se verra imposer des droits de douane réciproques de 20 % et la Chine de 34 % (en plus des 20 % annoncés précédemment et de la taxe instaurée dans le cadre de la première guerre commerciale).

Le tableau ci-dessous reprend les droits de douane réciproques selon les différents partenaires commerciaux concernés :

Le président américain prévoit une série d'exceptions. Les produits d'importance stratégique pour les États-Unis ne sont pas soumis pour l’instant à ces droits de douane. Il s’agit notamment des voitures (déjà soumises à une taxe de 25 % selon la précédente vague tarifaire), des semi-conducteurs, des produits pharmaceutiques, du cuivre, de l'énergie et des minerais. À ce stade, nul ne sait comment ces exceptions vont interférer avec la politique générale de réciprocité des droits de douane.

Une nouvelle vague de contre-mesures est annoncée

Il reste à voir comment le monde réagira à cette nouvelle salve de droits de douane, mais les premières réactions n'ont pas été tendres. De l'Union européenne à la Chine, des contre-mesures sont en préparation ou les droits de douane existants sont renforcés.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a prévenu que ces droits de douane porteraient un « coup dur » à l'économie mondiale. Elle a également indiqué que l'UE travaillait déjà à des contre-mesures et qu'elle prendrait des mesures par secteur pour protéger les intérêts européens. Par ailleurs, la France fait pression pour que l'UE prenne des mesures de rétorsion à l'encontre des entreprises technologiques américaines. Cela aurait pour effet d’élargir la guerre commerciale du secteur des biens à celui des services.

Pékin a également fait savoir que la Chine ne se contenterait pas de subir les dernières mesures sans riposter. Elle entretient déjà depuis longtemps une guerre commerciale avec les États-Unis et pourrait remettre une couche de pression via des sanctions ciblées.

Impact sur la croissance mondiale : de nombreux points d’interrogation subsistent

Le président Trump veut remettre l'Amérique au centre de la carte. Il semble toutefois se tirer une balle dans le pied avec sa politique commerciale. En effet, ses droits de douane sur les importations font craindre un ralentissement économique dans le monde entier, en ce compris aux États-Unis. Certains analystes évoquent même la possibilité d’une récession aux États-Unis, bien que ce ne soit pas, pour l'instant, notre scénario de base.

Quel va être l’impact effectif de ces nouvelles mesures sur la croissance économique ? La réponse est loin d'être évidente, notamment parce que la politique tarifaire de Trump est floue, inaboutie et changeante. Mais quels constats pouvons-nous déjà poser ?

• L'incertitude persistante nuit à la consommation et à l'investissement. Tant les entreprises que les consommateurs reportent leurs dépenses et leurs investissements importants.
• Les flux commerciaux se (re-)dirigent – dans la mesure du possible – vers des pays où les tarifs d'importation sont moindres, ce qui modifie considérablement le commerce mondial.
• Les taxes à l’importation sont payées aux autorités fiscales, mais les coûts peuvent être supportés par l'exportateur, l'importateur ou le consommateur final. En général, c'est ce dernier qui paie la facture.
• Les droits de douane alimentent l'inflation. Certains analystes tablent déjà sur une inflation de plus de 4 %. Les consommateurs perdraient alors du pouvoir d'achat, ce qui nuirait à la croissance économique. Cependant, les recettes des droits de douane pourraient aussi profiter aux consommateurs si elles permettent de financer les baisses d’impôts promises par Trump.

Concrètement, une hausse moyenne de 10 % des taxes d'importation coûterait autour de 0,5 % de croissance à l'économie mondiale en 2025 et 2026. Toutefois, ce tribut pourrait encore augmenter depuis l’annonce de droits de douane au-delà de 10 %.

Les bourses réagissent négativement

Les premières réactions des marchés boursiers sont très négatives, ce qui est logique puisque l'incertitude a augmenté. Par ailleurs, la plupart des analystes avaient anticipé des droits de douane moins élevés. Le marché a donc été négativement surpris par les mesures offensives de Trump.

Outre le risque économique, un aspect psychologique important entre en jeu : les marchés boursiers anticipent et se basent sur des attentes. Or, cet exercice devient de plus en plus difficile dans le contexte actuel.

D’après les chiffres au 3 avril 2025 (en équivalent euro), l’indice américain S&P 500 a chuté de 15 % depuis le début de l'année et le Nasdaq 100 de 19 %. Les autres marchés boursiers sont également dans le rouge : -4,5 % pour le Japon (Topix) et -3 % pour la Chine. La bourse européenne a également corrigé à l’annonce des nouvelles mesures tarifaires, mais dans une moindre mesure.

Conclusion

Les nouveaux tarifs douaniers de Trump mettent à l'épreuve la patience et la résilience de chacun. À ce stade, il est impossible de chiffrer leur impact, car de nombreux détails manquent encore, tels que leur durée ou les exceptions, par exemple. D’autres facteurs sont également difficilement quantifiables, comme les mesures de rétorsion des autres pays ou l’ajustement éventuel des achats des consommateurs et des investissements des entreprises. L’affectation effective des droits de douane – à la réduction de la dette publique ou à la baisse des impôts – aura également son importance.

Nous suivons de près l'évolution de la situation, tout en conservant notre vision à long terme.

Le calme et la patience sont de précieux alliés, surtout pour les investisseurs en bourse. Rester investi a toujours été la meilleure option. Toutefois, si ces fluctuations boursières vous inquiètent particulièrement, il est peut-être opportun de revoir votre profil d’investissement avec votre chargé(e) de relation. Il/Elle est là pour vous accompagner dans votre réflexion.