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Taux d’intérêt et crise bancaire, les marchés s’interrogent

  • 6 avril 2023
  • Vidéo

Nous voilà au terme de ce premier trimestre de 2023. L’inflation et la hausse des taux restent bien évidemment des sujets d’actualité. Ce trimestre fut toutefois aussi marqué par les tensions au sein du secteur bancaire, effet secondaire de la hausse des taux. En quoi la situation actuelle est-elle différente de celle de 2008 ?

Découvrez notre analyse dans cette vidéo ou lisez la transcription ci-dessous.

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Inflation : des bonnes et des moins bonnes nouvelles

Les marchés avaient bien démarré l’année. Le pic d’inflation a été atteint aux États-Unis et en Europe l’année dernière, et les prix de l’énergie ont sensiblement baissé. Mais c’était sans compter l’inflation de base, également dite inflation sous-jacente. Cette mesure de l’inflation exclut les composantes volatiles que sont l’alimentation et l’énergie, et reflète ainsi la tendance à long terme de l’évolution des prix. Les banques centrales la surveillent donc de très près. Or elle reste élevée et continue même de croître plus que prévu en zone euro. Elle s’explique en partie par un marché du travail tendu, et ce, particulièrement aux États-Unis avec des salaires à la hausse et un niveau de chômage historiquement bas. Ces chiffres d’inflation ont ainsi ravivé la crainte de hausse des taux et créé des tensions sur les marchés financiers au courant du mois de février.

Le secteur bancaire, victime collatérale de la hausse des taux

Il y a 1 an, la banque centrale américaine (la Fed) entamait son resserrement monétaire. Des taux d’intérêt élevés sont en général favorables au secteur bancaire, car ils permettent d’augmenter les marges. Mais dans certains cas, si la hausse des taux est trop rapide, elle peut mettre en difficulté les institutions financières qui gèrent mal leurs risques.

C’est notamment le cas de Silicon Valley Bank (SVB) dont la taille du bilan lui permet de bénéficier d’une réglementation assouplie sous la présidence de Trump. En deux mots : pour faire face à des besoins de liquidités, les clients de SVB – de jeunes entreprises technologiques – ont voulu retirer massivement leurs avoirs que SVB avait entre-temps investis en grande partie dans des obligations d’État américain à long terme. Or, comme beaucoup d’actifs obligataires, ces titres ont subi une décote importante avec la hausse des taux. En raison de sa mauvaise gestion du risque de taux, la banque n’a pas eu d’autre choix que de vendre ces titres à perte.

Dans le même temps, en Europe, Credit Suisse a annoncé des défaillances importantes dans ses systèmes de contrôle interne des risques. Ceci survient après plusieurs scandales, de mauvais résultats et des pertes sur investissements au cours des dernières années. Le refus de son actionnaire principal d’injecter du capital a envenimé la situation déjà délicate de la banque suisse rachetée in fine par UBS.

Faut-il craindre un effet de contagion dans le système bancaire ?

Ces événements récents ont entamé la confiance envers le secteur bancaire et éveillé la crainte de contagion à d’autres banques, avec le risque d’une crise financière à l’échelle mondiale, comme en 2008.

Toutefois, les cas évoqués précédemment sont très spécifiques. Si vous souhaitez en savoir davantage, je vous invite à lire notre article « Les banques sur la sellette – une nouvelle crise bancaire en vue ? ».

Par ailleurs, les moyens de contrôle et d’intervention se sont sensiblement améliorés depuis 2008 :

  • Les grandes banques sont depuis lors soumises à des réglementations plus strictes en matière de fonds propres (pour garantir leur solvabilité) et de liquidité (pour contrer un éventuel bank run), ainsi qu’à des tests de résistance réguliers.
  • Les gouvernements et banques centrales sont aussi plus vigilants et rapides pour venir en aide aux banques en difficulté. Avec la faillite de SVB, la Fed a réagi très rapidement, avec un système de prêts aux banques américaines pour faire face aux retraits massifs et tenter de limiter les bank runs. Et elle s’est également portée garante des dépôts des clients, indépendamment de leur montant. Du côté de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde a tenu à rassurer quant à la solidité du système bancaire européen. Elle se dit également prête à intervenir si besoin et disposer des outils nécessaires.

Dans les derniers jours du mois de mars, les tensions et la méfiance envers le secteur bancaire se sont sensiblement atténuées, ramenant le calme sur les marchés.

Enfin, un mot sur Delen Private Bank. Pour paraphraser Magritte, on pourrait dire « ceci n’est pas une banque ». Mais rassurez-vous, Delen est bien une banque. Son business model diffère toutefois sensiblement de celui des banques traditionnelles : les avoirs des clients sont en grande majorité investis dans des fonds patrimoniaux, et ceux-ci ne figurent pas sur le bilan de la Banque. Ils sont donc hors de portée de ses éventuels créanciers. Par ailleurs, la Banque dispose d’un bilan solide en termes de solvabilité et de liquidité. Il dépasse même largement les exigences des régulateurs en la matière. Avec les capitaux à disposition, la Banque octroie des crédits à sa clientèle à taux variable, ce qui neutralise les mouvements de taux. Le reste est mis en dépôt principalement auprès de la BCE  à très court terme, ce qui offre un niveau de sécurité très élevé.

Les marchés financiers : up puis down

Les problèmes rencontrés par le secteur bancaire montrent les limites de la hausse des taux sur l’économie réelle. Malgré tout, les banques centrales tiennent bon dans leur politique de hausse des taux. Elles semblent donc avoir plus confiance dans la solidité du système bancaire que dans l’évolution future de l’inflation : la Fed et la BCE ont tout récemment augmenté leurs taux de respectivement 0,25 % et 0,50 %, conformément à ce qui avait été annoncé avant les tensions dans le secteur bancaire.

Après un très bon début d’année, l’inquiétude concernant l’inflation sous-jacente et la santé des banques a eu raison de la tendance haussière des premières semaines. Les marchés actions se sont toutefois bien repris depuis.

Les obligations ont également réagi au stress ambiant. De nombreux investisseurs en quête de sécurité et de qualité se sont tournés vers les obligations d’État.

Conclusion : équilibre entre inflation et stabilité du secteur bancaire

Les banques centrales doivent lutter contre l’inflation sans plonger l’économie en récession. Mais elles devront aussi veiller à la stabilité du secteur bancaire. Il leur faudra donc manœuvrer avec beaucoup d’habilité pour conserver le juste équilibre entre deux objectifs nécessitant des politiques de taux opposées. Le risque d’une nouvelle crise bancaire mondiale nous paraît limité. Et les banques centrales se montrent également rassurées et rassurantes sur ce point. Dans ce contexte, l’équipe de gestion de Cadelam reste prudente et maintient sa politique rigoureuse de gestion du risque. Comme toujours, diversification et qualité restent les maîtres mots dans notre gestion des portefeuilles.